Panama City
Notre première vision de la capitale du Panama contraste avec l’idée que nous nous faisions des villes d’Amérique centrale: Panama City est une mégalopole ultra étendue remplie d’immenses grattes ciels… à première vue pas si différente de la dernière ville où nous avons fait rapidement escale, Miami.
Après exploration de la ville (enfin, une toute petite partie, car c’est véritablement immense), la réalité est plus contrastée. Les immenses buildings cotôyent des zones très défavorisées. Notre auberge (Marmallena, « the hostel with no rules! ») est par exemple située dans un quartier résidentiel assez pauvre. La quasi intégralité des builidings n’y font que quelques étages et ont des grilles partout (notre auberge est même couverte de fils barbelés…).
Nous avons d’abord visité Casco Viejo, la vieille ville de Panama City, classée à l’Unesco. C’est vraiment plein de charme, mais très largement en travaux. Il y a des policiers absolument partout, et ça fait très petite enclave pour touristes.
Parmi les activités passionnantes de nos vacances, nous avons fait un petit tour dans un Mall de Panama City pour acheter une nouvelle baterie d’appareil photo. C’est à faire peur: c’est de très loin le centre commercial le plus gigantesque que j’ai vu de ma vie. Pour vous donner une idée, nous avons dû le traverser quasiment en entier pour trouver un Cinéma (avec uniquement des films doublés en espagnol, raté), je ne sais pas combien de temps nous avons marché mais j’ai eu l’impression de faire une bonne rando. Un ami à nous avait fait un tour dans ce Mall il y a quelques mois et avait du en sortir après avoir fait une petite crise de panique (après la Dominique, forcément ça constraste…).
Bref, Panama City c’est plutôt intéressant, mais un peu spécial.
Le Canal de Panama
Impossible d’aller au Panama sans y passer… J’étais assez surexcitée à l’idée de voir « en vrai » le Canal de Panama. Une des plus grandes merveilles d’ingénierie de notre époque! Le seul canal interocéanique qui soit! Un des projets de construction les plus colossaux du monde! Et ben c’était, à vrai dire, pas franchement trépidant.
Nous sommes allés visiter une des trois écluses du Canal, Miraflores locks (pour la petite info, le Canal consiste en deux lacs artificiels, plusieurs canaux, et trois ensembles d’écluses). De là, on se rend difficilement compte de la taille du Canal (80km de long!), et nous n’avons pas eu l’occasion d’assister au passage d’un cargo (on aurait pu, mais j’étais complètement épuisée par la dengue et nous sommes rentrés un peu vite).
Mais le Canal de Panama reste une construction extraordinaire, d’abord pour la prouesse technique, mais surtout, à mes yeux, pour son histoire. Au risque d’ennuyer tout le monde, je vais en parler un peu.
Les premiers travaux pour la construction du Canal ont eu lieu à partir de 1878, quand Napoléon III choisit Ferdinand de Lesseps (déjà constructeur du canal de Suez) pour diriger la construction. Le résultat est un formidable échec. Les travailleurs tombent comme des mouches à cause de la malaria et de la fièvre jaune. Malgré l’intervention de Gustave Eiffel (qui propose notamment un système de canal avec dix écluses), le projet s’enlise. Lesseps, un des plus grands ingénieurs qu’aient connu la France (et qui a aussi été parmi les grands hommes à l’origine de la création des Alliances Françaises, tiens) va tomber dans une débâcle financière et causer un énorme scandale politique pour détournement d’argent, « L’affaire Panama » (il finira d’ailleurs emprisonné).
Suite à cela, Le projet est ensuite repris par les Etats-Unis (fidèles à la Doctrine Monroe qui justifie un large interventionnisme dans la vie politique et économique des autres pays d’Amérique). Après une hésitation du congrès américain entre la construction du Canal au Nicaragua ou au Panama, c’est la dernière option qui sera finalement choisie. A cette époque, le Panama n’est pas encore un pays indépendant mais une région rattachée à la Colombie. Les Etats-Unis soutiennent la secession panaménne en échange de l’obtention des droits de reprendre les travaux de construction du Canal et de la concession du terrain. En 1914 le Canal est finalement opérationnel, après la mort de plus de 27 000 ouvriers dans sa construction, et ce sont les Etats-Unis qui en récoltent les droits d’exploitation.
Dans les années 1960, la crise du canal de Suez en Egypte, et le soutien des Etats-Unis à Nasser réveillent les aspirations panaméennes à reprendre possession du canal. Lors d’une manifestation où des étudiants panaméens tentent de pénétrer dans la Zone du Canal, la situation dégénère et des Marines ouvrent le feu, tuant 20 manifestants. En 1977, soit 13 ans après ces évènements, le Président Jimmy Carter et son homologue Panaméen Omar Trurrijos signent, après de longues négociations, un accord historique ouvrant la voie à la rétrocession du Canal au Panama. La date est fixée au 31 Décembre 1999. Après cette rétrocession tardive, le gouvernement du Panama décide d’utiliser les revenus du canal comme un des principaux vecteurs de développement national. Pas étonnant quand on sait que le Canal génère jusqu’à 3 milliards de dollars annuels de revenus… Tout de suite, on comprend mieux d’où viennent les buildings de Panama City.
Finalement, après deux jours bien remplis à Panama City et ses environs, nous prenons un bus de nuit pour rejoindre un archipel à l’extrême ouest du pays: Bocas del Toro. Suite au prochain épisode!
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