Nous quittons le Costa Rica pour nous rendre au Nicaragua, pour un séjour d’une semaine.
Dès le passage de la frontière, l’atmosphère change radicalement. Le Nicaragua est bien moins développé que son voisin du Costa Rica: c’est le pays le plus pauvre d’Amérique centrale, et le 7ème pays le plus pauvre du monde (en terme de PIB/habitant). C’est surtout un pays avec une histoire fascinante, des villes à l’architecture coloniale superbe, une nature spectaculaire, et des habitants dont la résilience force le respect. Le Nicaragua a été pour moi LE gros coup de coeur du voyage…. ça m’a aussi pas mal rappelé le Guatemala.
Notre première étape a été la ville de Granada, au bord du lac Nicaragua. Granada est la plus ancienne ville coloniale espagnole du pays. Elle a été fondée en 1524 par le conquistador Hernandez de Cordoba et est surnommée la Grande Sultane à cause de ses bâtiments de style andalou-mauresque.
La ville a été un port important car aux 16ème et 17ème siècles, elle était accessible par l’océan atlantique à travers le lac de Nicaragua et le rio San Juan. De façon générale, pendant toute la période coloniale, le Nicaragua a constitué pour les Espagnols la principale voie entre le Pacifique et l’Atlantique grâce à une circulation facilitée par les fleuves et les lacs. La ville a connu une histoire tumultueuse, et notamment de nombreuses invasions de pirates anglais, français et néerlandais essayant de prendre le contrôle du Nicaragua.
Un peu d’histoire….
Le Nicaragua devient indépendant en 1821, et son histoire politique est alors dominée par la rivalité entre ses deux villes princiapales: Leon, la libérale et Granada, la conservatrice. La rivalité entre ces deux villes va entrainer plusieurs guerres civiles. Finalement, une nouvelle ville est construite entre les deux cités rivales: Managua, qui devient la capitale du pays.
Le Nicaragua commence à attiser l’intérêt et les rivalités des grandes puissances mondiales (Etats-Unis en premier lieu) à partir du milieu du 19ème siècle, et notamment lors de la découverte en 1848 de gisements d’or en Californie. Pour rejoindre plus facilement la côté pacifique, la construction d’un canal reliant l’océan Pacifique et l’océan Atlantique est envisagée au Nicaragua.
L’interventionnisme américain va alors conditionner le futur du pays. En 1912, les Marines américains envahissent le Nicaragua, début d’une occupation qui devait durer jusqu’en 1933. En 1914, le traité Bryan-Chamorro est signé entre le Nicaragua et les États-Unis, qui obtiennent la concession de tout futur canal (permettant ainsi d’écarter avant tout d’autres intérêts étrangers, puisque le canal sera finalement construit au Panama). La haine antiaméricaine se cristallise à partir de 1926 en une véritable guérilla dont le chef, César Augusto Sandino, devient un héros national. Sandino est assassiné en 1934 sur l’ordre du chef de la garde nationale (soutenue par les Etats-Unis), le général Anastasio Somoza Garcia. Les USA mettent alors au pouvoir Somoza et son clan au Nicaragua. Ceux-ci vont tenir le pouvoir de père en fils pendant des décennies.
En 1961, des marxistes nicaraguéens, inspirés par la révolution cubaine (1959) forment le Front de libération nationale sandiniste (FSLN), se rattachant à l’héritage d’Augusto César Sandino. Ils tentent de renverser le pouvoir en place, mais les frères Somoza appuyés par les États-Unis réussissent à réprimer l’insurrection. Le FSLN se lance alors, dans les années soixante, dans une guérilla sur le modèle de Fidel Castro.
Le tremblement de terre de Managua de décembre 1972 est un événement clé, qui occasionne 500 000 sans abri et plus de 10 000 morts. La moitié de l’aide internationale est détournée par Somoza et la Garde nationale pour être revendue à leur profit. Le pays bascule alors dans la guerre civile.
Après plusieurs mois d’affrontement, Somoza est lâché par les américains et part en exil. Les sandinistes mettent alors en place un programme économique d’inspiration socialiste comprenant notamment des nationalisations et une réforme agraire. Le gouvernement américain interrompt son aide économique au Nicaragua en 1981, finance l’opposition militaire des opposants au régime, les « contras « , puis impose au pays un embargo commercial, pénalisant très sévèrement l’économie.
Le gouvernement sandiniste, dirigé depuis 1985 par Daniel Ortega, consent à organiser des élections libres en 1990 en contrepartie du désarmement des contras. La victoire de l’opposition aux élections de 1990 et l’abandon du modèle socialiste favorisent un apaisement des tensions. Ortega, est revenu au pouvoir en 2006 et dirige encore aujourd’hui le Nicaragua.
La ville de Granada est très agréable et se visite à pied. Nous y avons trouvé une multitude de bars et petits restaurants situé dans de beaux patios:
Petit détail que j’ai bien aimé, on trouve devant la majorité des maisons des rocking-chairs sur lesquels les gens se balancent tranquillement en observant la rue…
Nous avons eu la chance d’arriver à Granada pendant l’Assomption, qui donne prétexte à de grandes fêtes équestres et taurines.
L’atmosphère était très festive, tout la ville se retrouvant dans les rues pour danser et boire:
D’ailleurs, autre bon point pour le Nicaragua: le rhum y est excellent….
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