Pour nos dernières vacances dans les Caraïbes, nous avons passé quelques jours sur l’ île de Saba. Je suis tombée complètement sous le charme de cette petite île méconnue, et je vais donc essayer de faire partager mon enthousiasme.
Saba est une île néerlandaise, surnommée « The Unspoiled Queen », c’est-à-dire la Reine immaculée en Français. Sa superficie est de 13km², et sa population de 1800 habitants (dont 300 étudiants d’une Université de médecine américaine sur l’île). Autant dire que c’est une île minuscule, et entièrement adorable.
Question topographie, c’est très simple: l’île est constitué d’un volcan, avec un pic central (le Mount Scenery), et des pics secondaires. La dernière éruption du volcan date de 1640.
La capitale de l’île est « The Bottom », qu’on pourrait traduire par « le fond » ou « le bas », et qui se trouve en toute logique au fond d’une vallée.
Un des nombreux trucs que j’aime à Saba est le pragmatisme de ses habitants dans le choix des noms de lieux. Ainsi la route principale de l’île (la seule, à vrai dire) s’appelle très prosaïquement « The Road ». Elle a une histoire assez intéressante.
Dans les années 30, des études ont été faites pour créer la première route de Saba. Des ingénieurs néelandais et suisses se sont cependant rapidement accordés pour décréter la tâche impossible en raison de la topographie extrême de l’île. Les habitants de Saba ne se sont pas laissés abattre pour autant et ont décidé de construire la route seuls. C’est un charpentier de l’île, Joseph Hassel, qui mena les travaux. Comme il ne connaissait rien au sujet, il s’est ainsi inscrit pendant cinq ans à des cours d’ingénierie civile par correspondance! Il a ensuite été décidé qu’hommes, femmes et enfants contribueraient à plusieurs heures de travaux volontaires chaque semaine. Le premier tronçon a été ouvert en 1943, et 4 ans plus tard la toute première voiture circulait sur l’île. La route est maintenant surnommée « The Road that couldn’t be built. »
L’aéroport de Saba vaut également le détour. Là encore, tous les ingénieurs s’accordaient à estimer sa construction impossible. Les habitants de Saba, qui décidément ne prennent pas non pour une réponse, ont aplani une de leur colline, en repoussant les gravats vers la mer pour l’agrandir. L’aéroport a été terminé en 1959 et mis en service en 1963. Sa piste est la plus petite du monde, avec seulement 400 mètres! Il est classé par le National Geographic comme le deuxième aéroport le plus «extrême» du monde (après celui de Ross Island en Antarctique, qui est construit sur une mer de glace). L’aéroport de Saba est aussi surnommé le « porte-avions des Petites Antilles » car la longueur de la piste est quasi identique à celle des porte-avions de la marine américaine.
La piste se termine par des falaises aux deux extrémités et est balayée par de forts vents latéraux….. Ce qui vaut aux passagers quelques sueurs froides à l’atterrisage (on peut acheter des tee-shirts à l’aéroport avec l’inscription « I survived a landing in Saba »/ « J’ai survécu à un atterrisage à Saba »). Pour ceux qui connaissent mon amour du transport aérien et qui s’étonnent que j’ai accepté de monter dans un avion pour Saba: j’ai bien vérifié, il n’y a eu aucun accident sur cette piste depuis sa mise en service. Les pilotes qui y atterrissent doivent même passer une certification spéciale.
L’île de Saba ne connait pas le tourisme de masse, et tout le monde s’accordera à dire que c’est très bien comme ça. Il y a une poignée d’hôtels et de Bed and Breakfasts sur l’île. Pendant la saison haute, si les hôtels sont complets, les deux cellules du poste de police de l’île (qui n’ont jamais abrité le moindre prisonnier) sont converties en Bed and Breakfast d’urgence! De notre côté, nous avons logé dans des petits cottages dans le village de Windwardside (nom qui se traduirait par « côté venteux »).
Saba est renommée pour deux choses: la plongée et la randonnée (exactement comme la Dominique). Une des randos les plus prisées est celle du Mount Scenery. Avec ses 887 mètres, la montagne est le plus haut sommet de l’île, et des Pays-Bas!
Après l’avoir gravi (deux fois, parce que la première s’est passée dans le brouillard…), j’ai reçu un certificat de la part du Syndicat de randonnée local attestant de l’exploit! Je n’en suis pas peu fière.
Depuis le sommet, nous avons été récompensés par des très belles vues sur l’île:
L’île dispose d’un réseau très bien entretenu de chemins de randonnées. Nous en avons fait quelques unes, dont celle de Spring Bay.
Nous avons aussi fait une randonnée dans la forêt tropicale de l’île:
Côté plongée, c’est tout aussi spectaculaire, car la topographie extrême de l’île se retrouve sous l’eau. J’ai pu voir une très belle faune: requins, monnaies caraïbes, et un incroyable oursin magnifique (Astropyga magnifica), une bestiole que l’on trouve exclusivement dans les Caraïbes. En gros un oursin multicolore avec sur le dos une excroissance qui ressemble de façon très dérangeante à un oeil humain…
L’architecture de Saba est également très particulière. Les quatre villages de l’île présentent tous la même architecture, profondément caribéenne: façades en bois blanc, volets verts et toits en pente rouge. De vraie petites maisons en pain d’épices…
Cette uniformité est due à l’histoire de l’île: les premiers propriétaires fonciers étaient de riches constructeurs de navires. A l’époque il était seulement possible d’apporter des biens à l’aide de petits bateaux. Il fallait ensuite gravir les 524 marches de l’échelle de Ladder Bay pour atteindre le coeur de l’île. Les matériaux plus importants que les planches ne pouvaient donc pas être utilisés dans la construction.
Les maisons ont toutes des citernes: l’île n’ayant pas de sources ou de rivières, toute l’eau de pluie doit être est récupérée.
Toutes les îles des Caraïbes vantent l’hospitalité de leurs habitants, mais c’est à Saba que j’ai été le plus marquée par l’hospitalité et la gentilesse des gens. L’île est vraiment un petit coin de paradis en dehors du monde… Un paradis qu’il a bien fallu quitter, et c’est vraiment avec regret que nous avons pris l’avion pour les 15minutes de vol qui nous séparent de St Martin.
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