Pour le deuxième jour de Rongali Bihu, manuh bihu, nous avons assisté à un festival en compagnie d’une de nos collègues, Archana, et de sa famille.

Pour l’occasion, Archana nous a prêté des vêtements traditionnels (et nous a maquillées en voitures volées au passage):

Apparemment il y a une différence entre ce vêtement et le sari classique, mais je ne l’ai pas comprise…

Nous nous sommes ensuite rendus au festival où nous avons été placés dans le carré VIP, ce que je n’ai pas compris sur le moment (mais il y a beaucoup de choses que je ne comprends pas en Inde, et je fais avec).

La soirée a commencé avec des chants et des danses traditionnelles:

Nous avons ensuite eu droit à un moment parfaitement surréaliste. Lorsque nous étions entrés, un des organisateurs du festival était venu nous voir pour nous demander qui nous étions et d’où nous venons (quand je disais qu’ils n’ont pas l’habitude de voir des étrangers ici…). Je n’y avais plus repensé, jusqu’à ce que le présentateur du festival se mette à parler en anglais (tout le reste était en Assamais et j’avais cessé d’écouter depuis un moment), et qu’Archana me dise:
– « Lève toi, il parle de toi! »
– « Euh..? »
Nous nous sommes donc levés sous les regards de tous, et le présentateur nous a remercié d’être venus de si loin pour assister au spectacle. Jusqu’ici, ça allait encore. Un quart d’heure plus tard, on vient nous chercher pour nous demander d’aller sur scène…  Comme c’était assez difficile de refuser nous nous exécutons. Et là c’est devenu vraiment bizarre.

La gloire! Ou la honte, question de point de vue

Vous avez déjà fait ce cauchemar où vous vous retrouvez sur scène devant plein de monde et les projecteurs dans les yeux, tout le monde attend quelque chose et vous n’avez pas la moindre idée de ce que vous êtes censés faire? Voilà.  Le présentateur nous d’abord demandé ce qu’on pensait de l’Assam, de ses habitants, de ses traditions, de ses vêtements, etc… comme c’était exactement ce qu’on attendait de nous, nous avons répondu des banalités respectueuses. Puis il nous a demandé de chanter une chanson traditionnelle assamaise. Comme évidemment on n’en connaissait pas:
– « Pas de problème je chante et vous chantez après moi! »
-« Ok… ». Et on s’exécute…
Et après ça: « Puisque vous ne connaissez pas les chants assamais vous pouvez nous chanter une chanson de votre pays? »
– « Ok…… ».  On s’exécute encore (mes excuses à Aznavour). Et ça continue:
– Maintenant vous pouvez nous présenter autre chose, de la danse par exemple? »
Comme je ne me sentais pas trop de démarrer un spectacle de claquettes improvisé, nous nous sommes beaucoup excusés de n’avoir rien préparé (en même temps quand je vais à un spectacle je pars pas forcément du principe que je vais y participer). Nous avons quitté la scène après que quelqu’un d’apparemment important nous ait remis solennellement des Gamosa autour du cou. La scène que je viens de vous raconter pourrait avoir le ridicule d’un spectacle scolaire de fin d’année un peu raté. Sauf que ça se passait devant un public de centaine (milliers?) de personnes, et que c’était retransmis à la télévision en direct par plusieurs chaines. Je suis retournée à mon siège (sur le chemin des gens m’ont pris la main et m’ont touchée quasi religieusement…wtf?), et deux minutes plus tard mon boss a appelé parce qu’il nous avait vu à la télé. 2 semaines que je suis là, et déjà une honte régionale: pas mal!

Le spectacle a repris son cours avec une  grosse star de la chanson en Assam (dont je n’avais jamais entendu parler, et j’imagine que vous non plus): Angaraag Mahanta. Sa musique se définit comme de la « Electronic folk fusion », et c’est pas mal du tout. Vu les réactions d’hystérie du public, c’est une vraie rock star ici.

Après le spectacle, qui était vraiment bien, nous avons commencé à partir… et nous avons été rattrapés par les organisateurs, qui nous ont proposé de venir sur scène rencontrer le chanteur. On a refusé poliment, ils ont insisté lourdement, on y allés. Deuxième moment suréaliste. Le chanteur nous a refait nous présenter et nous raconté deux trois trucs: « Vous êtes français? Je fais un concert à Genève dans deux semaines! » (pas le même pays, mais pas loin…). « Il parait que j’ai le même nom que quelqu’un de célèbre chez vous pour avoir fait de mauvaises choses? ». Le surnom du chanteur est Papon, et il était bien en train de nous parler, toujours devant la télé et des milliers de spectateurs, de Maurice Papon.

On a dit au revoir poliment et on est repartis, sous des cris d’amour du public et après s’être considérablement fait prendre en photo, tout cela avec visiblement pour seul mérite d’être étrangers. C’était TRES bizarre.

Nous avons ensuite diné dans la famille d’Archana, qui a été formidablement hospitalière, et la soirée s’est heureusement terminée de façon un peu plus normale!