Ma vie de tous les jours en Inde est remarquablement peu spectaculaire. J’ai mon petit train-tran habituel, avec évidemment des différences par rapport à ma vie en France. J’ai donc eu envie de faire un petit article sur toutes les petites choses que j’aime dans mon quotidien.
J’aime: mon quartier!
J’aime bien croiser des singes en allant travailler. Ils sont quasiment toujours en train de boulotter un truc qu’ils ont volé…
J’aime bien les tags dans ma rue:
J’adore le fait qu’on vive juste à côté d’une centrale électrique et qu’on ait jamais d’électricité:
J’exagère un peu sur ce coup-là, car nous avons récemment fait l’acquision d’un « inverter », une machine destinée à stocker l’électricité en cas de panne de courant. C’était probablement le tas de roupies le mieux investi de ma vie. Finies les soirées à cuisiner à la lueur de bougies d’anniversaire colorées!
J’aime: les types qui jouent au carrom dans ma rue
Et là vous me dites: « c’est quoi le carrom »? Le carrom est un jeu indien, qui a aussi pour nom le billard indien (on ne sait pas trop si il a été inventé en Inde où apporté par les anglais pendant la période coloniale). Le principe est très simple, il s’agit de faire rentrer des pions en bois dans des trous à l’aide d’un palet. Il y a un groupe d’hommes qui joue constamment au carrom dans ma rue. A chaque fois que je passe il y a un attroupement autour d’eux, tout le monde regarde et commente le jeu avec un enthousiasme qui semble un peu démesuré. Ca me rappelle les dominos dans les Caraïbes, ou les échecs en Russie… j’adore.
J’aime: les artisans indiens
Mention spéciale à ce cordonnier qui travaille dans ma rue. Déjà, j’adore le fait qu’en Inde on répare les object cassés ou abimés au lieu de les jeter. J’ai un petit sac en cuir que j’ai acheté au Maroc et qui me sert dès que je voyage. Je l’adore. Et comme tous les trucs que j’adore, je l’ai porté jusqu’à ce qu’il tombe en lambeaux. Je l’ai donc apporté à ce cordonnier sans trop d’espoir. Je l’ai regardé travailler pendant pas loin de 40 minutes, avec une dextérité impressionnante et pas un seul geste inutile. Résultat, il a fait des miracles: mon sac est comme neuf, pour la somme de 50 roupies (50 centimes d’euros, grosso modo). Quand il m’a rendu mon sac j’étais tellement heureuse que je l’ai remercié pendant 5 minutes de la façon la plus solennelle que je connaissais en Hindi, il était tout content, et moi aussi!
J’aime: mon appart
Il n’y a pas grand chose à dire sur mon appart, il est quasiment vide (mes seules possessions ici sont un matelas, une table pliante et une chaise en plastique). Le seul truc vraiment sympa est de vivre dans un 4 pièces pour 30 euros par mois (amis parisiens si vous me lisez…).
J’aime aussi beaucoup nos deux gardes de sécurité, Rajesh et Ram, qui n’ont pas un métier très marrant.
J’aime: la nourriture indienne.
Evidemment. Déjà, je porte un amour immodéré au thé indien, le « chai massala »: un mélange de thé, d’épices, de lait et de sucre. J’en consomme probablement pas loin d’un litre par jour. C’est la boisson de la convivialité et de l’hospitalité, et dès que tu vas quelque part il ya toujours quelqu’un pour t’en offrir une tasse. Joie.
Et bien sûr, la nourriture indienne proprement dite. Ce qui m’amène à un lieu où je vais à peu près tous les jours: Tunjang.
Tunjang est un petit restaurant à côté de chez moi qui propose des spécialités indiennes, chinoises et nagas. Dominique, un des cuisiniers, a un père tibétain et une mère naga (du nagaland, un des 7 états du Nord-Est). Comme beaucoup de nagas il est chrétien (d’où son prénom).
J’y commande à manger quand j’ai la flemme de cuisiner (ce qui arrive souvent). Il faut dire que les plats ne coûtent à peu près rien, sont absolument délicieux, et pour courronner le tout peuvent être livrés à domicile. Quand on connait mes compétences culinaires, on voit mal pourquoi se priver. Pour vous donner un exemple, voilà un plat de momos (raviolis tibétains), à 50 roupies (toujours 50 centimes d’euro, car en Inde on en a généralement pour son argent).
J’aime: m’habiller « en indienne »
Etant étrangère dans une région peu touristique, j’attire déjà beaucoup l’attention et les regards. Je fais donc attention à m’habiller d’une façon qui ne choquera personne. De ce que j’ai pu voir, les indiennes s’habillent en gros de 3 manières différentes:
– de façon occidentale (jean, tee-shirt), ce qui est assez rare ici. Les seuls indiens que je connais qui s’habillent comme ça sont mes élèves, qui sont issus des classes supérieures de la société assamaise.
– de façon traditionnelle, en sari. C’est superbe, et pour l’avoir essayé, vraiment peu pratique. Le sari est plutôt porté par les classes les plus traditionnelles de la société et pour les occasions particulières.
– le plus répandu: en kurta – pyjama (tunique + sorte de leggings). C’est comme ça que je m’habille, c’est pratique, et plutôt joli à mon avis. J’adore les motifs et les couleurs. Si je mets une jupe, je porte toujours un pyjama dessous pour ne pas montrer mes gambettes. Je fais aussi attention à couvrir mes épaules.
C’est parfois un peu pénible de devoir systématiquement se changer pour sortir ou quand quelqu’un vient chez nous, et surtout de se couvrir autant quand il fait 40 degrés à l’ombre. Hier par exemple, ma colloc a du se « rhabiller » en catastrophe parce que notre voisin sonnait à la porte, le temps qu’elle enfile de nouveaux vêtements celui-ci était déjà parti…
J’aime: mon voisin.
Mon voisin est un type très sympa, particulièrement ouvert et cultivé. Sa femme vit à Delhi et lui travaille en Assam, je pense qu’il s’ennuie un peu et il a l’air content de passer du temps à discuter avec nous. Il a aussi quelque chose que je n’ai pas: un frigo. Je pourrais vous décrire le bonheur que je ressens quand il nous invite chez lui à boire une bière fraiche, mais je passerais probablement un peu pour une alcoolique. C’est assez drôle d’ailleurs, car il doit avoir 40 ans et nous disait hier qu’il faisait très attention à cacher à sa mère qu’il lui arrive de consommer de l’alcool. Il nous a fait un double de la clef de son appartement pour qu’on puisse utiliser son frigo quand il n’est pas là… vous imaginez faire ça pour vos voisins, vous? Quand je dis que les assamais sont excessivement généreux… Il m’apprend un paquet de choses sur la culture indienne. Par exemple hier, alors que j’étais toute contente d’un bracelet de cheville que je viens de m’acheter:
– « Ah c’est marrant tu sais que ici quand une fille porte ça c’est pour montrer qu’elle recherche activement un mari? »
– » Et meeeeeerde… »
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