Depuis Boston, on peut facilement rejoindre la petite ville de Salem, située à seulement 25 km de distance. La ville est tristement célèbre pour l’épisode des sorcières de Salem, lorsqu’en 1692 un procès entraina la condamnation et l’exécution d’une vingtaine de personnes accusées de sorcellerie. Si Salem est avant tout connue pour ses « sorcières », la ville dispose également d’un passé maritime très important. Nous allons découvrir tout cela le temps d’une journée!
On aurait pu croire que la ville chercherait à passer sous silence le drame du procès des sorcières, mais bien au contraire, c’est en misant sur ce triste épisode que Salem attire les touristes. On trouve un peu partout des boutiques vaguement ésotériques, des diseuses de bonnes aventures et des « musées » à sensations.
Pour visiter la ville, c’est facile: comme avec le Freedom Trail a Boston, il suffit de suivre une ligne rouge peinte au sol:
La Witch house de Salem
Parmi les musées de qualité à Salem, on peut citer The Witch House, ou The Jonathan Corvin House, qui est le seul bâtiment encore debout à Salem en lien avec l’histoire du procès.
Si le procès a eu lieu à Salem, c’est dans la ville voisine de Danvers (autrefois appelée Salem Village) que les faits se sont déroulés. En octobre 1692, quelques jeunes filles accusent leurs concitoyens de les avoir envoutées et d’être des sorciers. La communauté prête foi aux accusations et condamne les personnes mises en cause à avouer les faits de sorcellerie ou à être pendues. Débute alors une hystérie collective où les uns accusent les autres. On estime qu’entre 150 et 300 personnes ont été condamnées et emprisonnées. 21 personnes furent exécutées, la plupart par pendaison. Le gouverneur du Massachussetts mettra finalement un terme à cette situation paranoïaque, officiellement après un appel du clergé bostonien à la clémence et la raison. Dans le musée, il est plutôt suggéré que le gouverneur a agit lorsque sa propre femme a été accusée de sorcellerie!
Plusieurs théories ont essayé d’expliquer comment la communauté de Salem Village avait pu plonger dans un tel délire meurtrier. Parmi ces théories, l’hypothèse la plus plausible est celle d’un empoisonnement provoqué par l’ergot de seigle, un champignon qui contient une substance voisine du LSD. L’atmosphère de peur dans laquelle vivait cette communauté puritaine en butte aux attaques incessantes des Amérindiens a probablement aussi beaucoup contribué au développement de cette forme d’hystérie collective.
The Witch House est une vieille maison qui date du 17ème siècle et qui appartenait à un des juges du procès, Jonathan Corvin. Le lieu est très bien conservé, et chaque pièce permet de mieux comprendre le quotidien des habitants de l’époque. L’architecture, les objets et les documents informatifs nous projettent tout droit dans le mode de vie des premiers colons américains (qui n’avaient vraiment pas l’air de rigoler tous les jours).
Old burying point cemetery
Ce cimetière est l’endroit où sont enterrées les victimes et les personnages « phares » du procès de Salem.
Salem Witch Trial Memorial
Juste à coté du cimetière, un mémorial rend hommage aux victimes innocentes du procès. Leurs noms sont gravés sur de grosses pierres plates installées sur le pourtour.
La ville de Salem est en elle-même assez mignonne, avec ses nombreux bâtiments anciens:
Le port de Salem
C’est difficile à croire aujourd’hui, mais le port de Salem occupa autrefois une place très importante dans le commerce mondial. En 1790, Salem était la sixième ville du pays et l’un des ports maritimes les plus actifs, notamment pour le commerce avec la Chine. Les clippers de Salem (bateaux à voile très rapides) commerçaient aussi bien le long des côtes d’ Afrique, que de Russie du Japon et d’Australie.
Cette ère de prospérité a marqué l’architecture de la ville en laissant un ensemble de maisons et de manoirs de l’époque coloniale qui forme aujourd’hui la principale concentration d’édifices privés d’avant 1900 aux États-Unis.
La ville perdra finalement de son importance avec le développement du port de Boston et de New-York.
Nous avons trouvé que le port de Salem était le coin le plus sympa de la ville, bien loin du kitsch qui envahit un peu le centre-ville:
Une réplique du Friendship of Salem, un trois-mâts de la Compagnie des Indes datant de 1797, est installée dans le port. Ce navire avait effectué en son temps une douzaine de tours du monde avant d’être capturé par les Britanniques.
La maison aux 7 pignons
Non loin du port, nous avons continué notre visite de Salem en visitant la « Maison aux 7 pignons », une demeure coloniale à trois étages immortalisée par l’écrivain Nathaniel Hawthorne dans un roman du même nom. Nathaniel Hawthorne est né à Salem, et l’un de ses ancêtres fut un juge du « procès des sorcières » (il a d’ailleurs fait changer l’orthographe de son nom pour ne plus être assimilé à son aïeul, mais ça n’a pas trop marché). Son roman, publié en 1851, raconte l’histoire d’une famille sur laquelle plane une malédiction remontant aux persécutions de Salem…
La maison aux 7 pignons est célèbre dans tous les États-Unis, car elle serait la plus vieille maison en bois du pays. La visite guidée est très sympa (photos interdites), et permet d’en apprendre beaucoup sur la vie de cette colonie puritaine. La maison comporte aussi plusieurs pièces cachées et escaliers camouflés.
Un peu plus loin de la maison aux 7 pignons, on trouve la maison ou est né Nathaniel Hawthorne. Elle a été déplacée de 6 blocks pour être intégrée au musée.
L’ensemble se trouve au bord de la mer, et nous profitons d’un temps d’automne parfait avant de retourner à Boston…
Visiter Salem depuis Boston
Salem n’est qu’à une trentaine de minutes de Boston en train. Le départ se fait de North Station: prendre le commuter rail en direction de Newburyport et descendre à Salem. Depuis la gare, une ligne rouge tracée au sol amène au centre ville. Facile!
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