Ce week-end, alors que l’autome commence à pointer le bout de son nez, on a quitté New-York pour une toute dernière escapade estivale: un week-end sur l’île de Nantucket. J’avais entendu parler pour la première fois de Nantucket il y a un an, en visitant la Nouvelle-Angleterre. Je suis complètement amoureuse de cette région aux portes de New-York. Histoire, culture, bords de mer sauvages… il faut bien le dire, la Nouvelle-Angleterre a un charme tout européen. Et justement, ce qui me plaisait avec Nantucket c’est que l’île est chargée d’histoire, puisqu’elle est entièrement classée site historique. Alors, est-ce que Nantucket aura été à la hauteur de mes attentes? Mille fois oui!
Pour nous rendre sur l’île, on a profité d’une promotion sur des billets d’avion depuis New-York. Le vol dure peine une heure, pour 100$, ce qui aux USA est une affaire (qu’il est loin, le temps de nos escapades européennes avec Easyjet…). Le vol retour, lui était à plus de $350 dollars par tête. Donc on a fait plus compliqué: on a du prendre un ferry pendant 1 heure, puis 2 bus pendant 6 heures. Un peu galère? Certes. Mais on s’en fiche, ça valait le coup!
Le centre-ville historique
Un peu d’histoire…
L’île a accueilli les premiers peuplements européens en 1659. Entre 1700 et les années 1830, le port de Nantucket a fait fortune en devenant la capitale mondiale de la pêche à la baleine. Autour de 1830, la sur-pêche et la découverte de pétrole à l’ouest des Etats-unis entraînent finalement le déclin économique de l’île. Ce déclin est amplifié par un immense incendie qui dévaste la ville en 1846. Dans les décennies qui suivent Nantucket perd près de 60% de sa population, chutant ainsi à environ 400 habitants. Le dernier bateau de pêche quitte l’île en 1869. Le sous-développement et l’isolement de l’île durèrent jusqu’au milieu du 20ème siècle et contribuèrent à conserver de nombreuses demeures antérieures à la guerre civile. Dans les années 1950, des entrepreneurs commencèrent à restaurer une grande partie de l’île, attirant de riches habitants du Nord-Est des États-Unis. L’île vit aujourd’hui essentiellement du tourisme et est devenue une destination estivale très prisée.
La ville aujourd’hui
La capitale de l’île a conservé son aspect d’autrefois. On se balade dans de vieilles rues pavées bordées de maisons de baleiniers en brique ou en bois:
Comme toujours lorsqu’on visite la Nouvelle-Angleterre, on est allés manger des lobster rolls. Les meilleurs de la ville sont parait-il ceux du Club Car, un restaurant dans un ancien wagon de train:
Le port de Nantucket
Comme l’île de Nantucket est classée site historique, des lois assez strictes encadrent les constructions, qui se ressemblent toutes. On retrouvent toujours des bâtiments gris avec un revêtement de bardeaux de cèdre. C’est un peu austère mais très mignon et homogène:
On est allés voir le petit phare de Brant Point Light (tout juste 11 mètres). Construit en 1746, c’est le deuxième plus vieux phare du pays (après le Boston Light construit en 1716):
Nantucket island
Le samedi après-midi, on a loué des vélos pour explorer l’île. L’objectif était tout trouvé: le phare de Sankaty Head Light. J’ai une sorte de fascination pour les phares, et ceux de Nouvelle-Angleterre sont particulièrement mignons. Il y a 3 phares sur l’île: celui de Brant point, celui de Sankaty, et celui de Great Point, qui est situé au point le plus septentrional de l’île au bout d’une longue bande de sable. On ne peut y accèder qu’en 4×4, donc ca paraissait peu évident… Pour cette fois, on s’est contentés d’une longue boucle à vélo qui nous a amenés jusqu’au phare de Sankaty.
La balade fait 30 kilomètres, et on l’a fait en 4 heures. Ce que je trouvais tout à fait impressionnant, jusqu’à ce qu’un copain me fasse remarquer que 7,5km/heure, c’est plutôt une moyenne minable à vélo. Disons donc que c’est parce qu’on a fait beaucoup de pauses.
Siasconset
Ce petit village tout à l’est de l’île était à l’origine un hameau de pêcheurs. Ca ne se voit pas sur les photos, mais les chemins sont faits de fragments de coquillages:
Les maisons sont toutes simples et petites, mais excessivement bien entretenues pour des résidences de vacances: dans les jardins, les parterres de fleurs sauvages sont impeccables, il n’y a pas un brin de gazon qui dépasse. Les maisons de pêcheurs sont aujourd’hui devenues des cottages de luxe.
A Nantucket, on s’est d’ailleurs arrêtés devant une agence immobilière pour regarder un peu les prix. Ca, c’est notre masochisme habituel de parisiens en vacances: on regarde les prix au mètre carré pour comparer avec ceux du placard à balai dans lequel on vit, et puis on se console en se convainquant que, de toute façon, on s’ennuierait forcément à mourir en province. D’habitude, ça marche puissance 10 chez le new-yorkais, et bien là, pour le coup, pas du tout. La plus petite bicoque qu’on ait pu trouver (un deux pièces) dépassait le million de dollars.
On a longé la plage à vélo: c’est beau, c’est sauvage, et il n’y avait pas un chat:
On est ensuite arrivés à notre objectif: le phare de Sankaty. Il est pas beau?
On continue ensuite en longeant la côte et en faisant des arrêts plage (il n’y a personne pour se baigner dans l’atlantique fin septembre):
On s’est posés au bord de ce petit lac intérieur, avant de rentrer à Nantucket:
Le musée de la baleine
On est allés voir LE musée de la ville, le musée de la baleine. C’était beaucoup plus intéressant qu’on ne pourrait le croire. J’avais une idée générale du fonctionnement de la chasse à la baleine, mais j’en ai aussi appris un paquet: ce sont les premiers habitants de l’île, les amérindiens qui ont appris aux anglais à récolter l’huile de la baleine. Eux ne le faisaient que sur les animaux morts qui venaient s’échouer sur les rivages de Nantucket, mais les Anglais ce sont dit que ce seraient beaucoup plus efficace d’aller tuer l’animal directement (notre guide nous a décrit ça comme une preuve de l’esprit entrepreneuriat des premiers américains et j’ai bien peur qu’il était sérieux). Les cachalots étaient l’espèce de baleine la plus recherchée, pour ce qu’on appelle le blanc de baleine: une substance semi-liquide et cireuse qui occupe un grand volume de la tête de l’animal (les grands mâles peuvent en avoir près de quatre tonnes), et qui lui sert pour l’écholocation. Le blanc de baleine été très recherché jusqu’au 20ème siècle pour la fabrication de bougies, d’huile de lampe, de savon, cosmétiques et autres applications commerciales. L’ambre gris produit par le système digestif de l’animal était aussi utilisé comme fixateur en parfumerie. Les équipages partaient parfois pendant plusieurs années, passaient le Cap Horn et allaient jusque dans le Pacifique à la recherche des baleines. La chasse a continué jusqu’à ce que l’on découvre des substituts pour ces matières.
Une des expositions du musée évoque l’histoire de l’Essex, un navire coulé en 1819 par une baleine, et la longue dérive des survivants. C’est cet épisode qui a inspiré Herman Melville pour son Moby Dick, et plus récemment le film In the heart of the sea, qui a été en partie tourné à Nantucket.
Après deux jours à Nantucket, on a finalement repris le ferry pour rejoindre le continent, et la vie urbaine trépidante de New-York… C’était une belle parenthèse dont on se rappellera longtemps!
2 Comments
un repas dans un wagon de train ça me rappelle quelque chose …..pas vous?
c’était superbe et je comprends que tu sois revenue enthousiaste!!!
Même réaction que Dom pour le repas dans le wagon !! Souvenir inoubliable !! Très belle escapade !! Profitez bien et merci de nous faire partager ces moments de bonheur !!