Une des visites incontournables lorsque l’on se rend au Cap est l’île de Robben Island, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette île est située à environ 7km de la ville du Cap et depuis le 17ème siècle, elle a servi a emprisonner et isoler de nombreux prisonniers politiques. Le plus célèbre d’entre eux, Nelson Mandela y a passé 18 de ses 27 années d’emprisonnement. Depuis la fin de l’apartheid, trois anciens prisonniers de Robben Island ont été élus présidents de l’Afrique du Sud (dont l’actuel président Jacob Zuma).
Tôt le matin, nous avons rejoint le front de mer pour prendre le ferry pour Robben Island. La traversée dure 35-40min et on a une vue splendide sur la ville et les montagnes environnantes:
Une fois arrivés, la visite se déroule en deux étapes : un tour en bus de l’île suivi d’une visite guidée de la prison de haute sécurité faite par un ancien détenu.
En plus de la prison de sécurité maximale, l’île a aussi servi de léproserie au XIXème siècle. L’ensemble des bâtiments ont été brûlés par crainte de la maladie. Aujourd’hui, il ne reste plus que l’église datant de l’époque de la léproserie et une partie du cimetière où ont été enterrés les victimes de la lèpre. Nous passons ensuite devant la cellule de Robert Sobukwe, l’ancien leader du PAC (un mouvement de nationalistes noirs dissident de l’ANC, le mouvement anti-apartheid dirigé par Mandela). L’influence de Robert Sobukwe était crainte par le gouvernement et c’est la raison pour laquelle il était en isolement total avec interdiction de communiquer avec les autres prisonniers. A la fin de sa peine de 3 ans, le gouvernement vota une loi spéciale afin de prolonger son emprisonnement de 6 ans!
On fait ensuite un arrêt au bord de mer avec une vue magnifique sur le Cap.
Une colonie de penguins se trouve à proximité!
Le dernier arrêt avant de rejoindre la prison de haute sécurité est la carrière où les prisonniers étaient obligés de casser des cailloux sous le cagnard 8 heures par jour, 5 jours par semaine. En raison de la forte luminosité, presque tous les prisonniers avaient d’importantes maladies oculaires (c’est la raison pour laquelle Nelson Mandela plissera des yeux tout le reste de sa vie).
La grotte que l’on aperçoit est l’endroit où les prisonniers prenaient leur repas. Elle était surnommée l’Université car pendant ces brefs moments de répits, des prisonniers qui étaient des professeurs, des intellectuels, etc, enseignaient aux prisonniers les plus jeunes et à ceux qui n’avaient pas reçu d’instruction.
Puis, on quitte le bus pour entamer la seconde partie de la visite : la prison de haute sécurité.
La visite est quasiment toujours effectuée par un ancien prisonnier politique ce qui ajoute pas mal d’émotion.
On débute par une sorte de dortoir ou les prisonniers politiques étaient au départ mélangés aux prisonniers de droit commun. Mais redoutant leur influence, le gouvernement décida ensuite de les isoler des autres prisonniers. Jusqu’en 1978, les prisonniers dormaient sur ces bouts de tapis, ce n’est qu’après qu’ils eurent accès à de vrais lits.
Nous terminons la visite du bâtiment par l’aile abritant les prisonniers politiques dont le plus célèbre, Nelson Mandela. Sa cellule est restée telle qu’elle était au moment de son incarcération.
Visiter le lieu symbole de la ségrégation en Afrique du Sud, témoin d’une histoire encore très récente est quelque chose de très fort. Les hommes incarcérés ici ont sacrifié la majeure partie de leur vie au combat pour la liberté et l’égalité. Nombreux sont ceux qui sont morts avant d’avoir vu la fin de l’Apartheid. Mais comme nous l’a fait comprendre notre guide, presque 30 ans depuis la fin de ce régime l’égalité est encore loin d’être acquise dans la société sud-africaine. Le poids de l’Apartheid est encore très présent et visible d’après ce que nous avons pu voir au Cap et dans les environs (mais nous avons vu très peu du pays, il ne faut peut être pas généraliser). Un Apartheid racial semble avoir été remplacé par un apartheid social avec des millions de Sud-Africains vivant dans des bidon-villes, loin de la richesse du reste de la population citadine. Les écarts de richesse sont immenses. Alors que les plus riches s’enferment dans des résidences ultra-sécurisées et gardées par des vigiles afin de se protéger des populations ultra-précaires, qu’en est-il du rêve de la nation arc-en-ciel?
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