Isla Floreana est la plus petite des îles habitées des Galapagos, mais aussi sans doute la plus intéressante sur le plan historique. Nous y avons passé une journée.
C’est sur Floreana qu’ont débarqué les premiers occupants des Galapagos, à savoir des pirates. Floreana a ensuite été la première île colonisée par les Équatoriens en 1832. Elle a été une colonie pénitentiaire pendant quelques années, puis une usine de conserves de poisson y a été établie par les immigrants norvégiens en 1924, avant de fermer quelques années plus tard.
Floreana est aussi le site du premier «bureau de poste», établi en 1793 par des baleiniers. En fait un tonneau que les marins de passage vident pour embarquer le courrier vers le continent. Le système est encore utilisé aujourd’hui:
Dans les années 1930, l’ile s’est peuplée de personnages excentriques: tout d’abord Friedrich Ritter, un docteur allemand avec un fort penchant pour le naturisme, arrivé avec sa compagne Dore Strauch, une ancienne patiente atteinte de sclérose en plaques. Craignant des complications dentaires sur cette ile isolée, Ritter s’arracha toutes les dents et pris avec lui des prothèses en acier inoxydable. Après cela, Margret Wittmer débarqua sur l’ile en 1932, avec son mari Heinz et son beau-fils Harry, avant de donner naissance à leur fils Rolf, la première personne à naître aux Galapagos.
Les deux familles de l’ile vivaient en relative harmonie jusqu’à l’arrivée d’une autrichienne excentrique se faisant appeler « Baronne » Eloise von Wagner-Bosquet, accompagnée de ses deux amants allemands, Robert Philippson et Rudolf Lorenz, ainsi que d’un manœuvre équatorien, Felipe Valdivieso. Celui-ci ne restera qu’un mois et partira par le premier bateau, non sans avoir expliqué aux Allemands que la baronne était mythomane et folle à lier. La baronne, qui s’autoproclamera « Impératrice de Floreana », avait le projet fantaisiste de fonder à Floreana un hôtel de luxe pour accueillir les riches touristes américains de passage. Le projet ne vit jamais le jour.
Au bout d’un an et demi d’une vie tumultueuse sur l’ile, en mars 1934 la baronne disparait. Les Wittmer prétendront que celle-ci avait annoncé partir ce jour-là pour Tahiti avec Philippson (un « petit » voyage de 5,000km) mais étrangement tous ses bagages resteront sur l’ile. Alors que leur triangle amoureux s’était sérieusement envenimé dans les mois précédents, Lorenz est le suspect principal dans cette disparition mystérieuse, mais certains soupçonnent également le docteur Ritter. Aucun des deux ne vivra assez longtemps pour se défendre des accusations : en juillet de la même année, Philippson amasse suffisamment de fonds pour embaucher un capitaine norvégien pour le ramener à San Cristobal. Ils n’arriveront jamais à destination et leurs corps momifiés seront retrouvés 4 mois plus tard échoués sur une plage, avec des traces suggérant une mort par déshydratation. En novembre 1934, le docteur Ritter meurt lui aussi, brutalement victime d’un empoisonnement. Il aurait mangé une boîte de conserve avariée, contenant de la viande de poulet (alors qu’il était végétarien) et le botulisme l’aurait emporté, selon la version de sa compagne Dore. Celle-ci retourna ensuite vivre en Allemagne, et écrivit un livre à son retour sur les évènements de Floreana : « Satan Came to Eden ».
Deux disparus (sans doute assassinés), deux morts de soif, un mort empoisonné, voilà qui fait beaucoup pour une île peuplée initialement de seulement neuf personnes…
Nous nous sommes rendus au sommet d’Asilo de la Paz (450 mètres d’altitude) où l’on peut voir des grottes utilisées d’abord par des pirates puis les familles Wittmer/Ritter. C’est là que se trouve la seule et unique source d’eau douce des Galapagos, ce qui rendait le lieu stratégique.
On peut croiser à proximité des tortues géantes:
Les Galapagos sont le seul lieu au monde où vivent des iguanes marins. Il y en a 6 sous-espèces, provenant chacune d’une ile différente. Les iguanes d’Isabella sont parmi les plus gros et les plus colorés. On ne se lasse pas de les observer:
Nous avons marché jusqu’à la très belle plage de la Loberia, où nous avons fait du snorkelling. Nous avons vu quantité d’immenses tortues marines, des raies, des lions de mers…
Le paysage est extraodinaire:
Pour ajouter à la beauté du lieu, le sol est tapissé d’une plante rouge, le red vesuvius:
Nous reprenons ensuite le bateau pour Santa Cruz: 4 heures de bateau dans la journée c’est un peu long…mais Floreana valait amplement la balade!
3 Comments
Quelle ile étonnante avec un passé aussi tragique, une faune et flore si particulières , et, des sites rocheux et de mer magnifiques ! Y a-t-il encore des habitants permanents ?
Oui, seulement 170 habitants sur tout l’ile!
Merci ! Je n’aurais pas pensé qu’il y en ait autant !!!